Michel Picot

Prenez la vie du bon coté !

Ponctuelle Ponction 05/07/24

05/07/2024

Je n’ai pas dépensé les 15 euros d’Ahmed, car il est devenu en quelques minutes mon bienfaiteur, bien plus important que la sécurité sociale pour qui je n’existe pas avec mon arrêt maladie d’entrepreneur, mais qui vient, comme chaque mois réclamer son dû. Aujourd’hui, il fait presque beau, alors je regarde LCI pour changer de BFMTV qui a bercé mes 14 jours d’hospitalisation à l’IHU. Avec Guili, BFMTV était une des deux chaines de télévision accessibles gratuitement. Pour avoir toutes les chaines de la TNT, il fallait payer 5,40 euros par jour. 5,40 euros, c’est plus du tiers de l’aide d’Ahmed. Une pure folie. Un business autour d’un poste de TV à l’hôpital, irréaliste à l’heure où l’on peut tout regarder sur un mobile ou un portable.

Me voici donc devant LCI et on parle du second tour des législatives. Moi qui m’intéresse plutôt à la politique, en tant que journaliste, je constate que nos dirigeants sont encore plus dérangés que les idées qui fusent dans ma tête. Se sentent-ils utiles pour les Français ? Face à ce spectacle navrant, navré de vous dire que j’ai coupé LCI pour me retrouver face à moi-même. Je pensais me connaitre de l’intérieur. Pourtant, aujourd’hui je suis loin de l’hôpital dans une belle maison, super agréable et quelques kilomètres de la mer. Le jardin avec son arbre en forme d’éléphant, sa piscine et la clim dans la chambre forment mon petit paradis que je squatte (gratos) depuis plus d’un mois. Ici tout semble avoir été pensé pour méditer sur Ma Question Existentielle depuis ma naissance : « moi pourquoi je sui moi ? » 

Personnellement je n’ai – encore – pas de réponse à cette question mais je ne remercierai jamais assez mes amis, qui, eux, savent qui je suis. Ils ne m’ont toujours rien dit. Il faut dire que j’ai peur des paroles me concernant et que je suis plus fort pour interroger les autres, en même temps c’est mon métier. 

Je profite de cette journée, sans prise de sang qui est un rite quotidien dès votre réveil à l’hôpital. Aujourd’hui je n’irai pas non plus passé dans ce tube de scanner ou me faire ponctionner une partie du corps pour analyse dans le bloc opératoire. Il est interessant de noter que pour faire 100 m entre l’IHU et la Timone, vous êtes transporté sur un brancard, vous traversez le service des urgences, grands moments terrifiants, avant que les ambulanciers ne vous abonnent à votre propre sort dans la salle d’attente, avant anesthésie et opération. Tous les brancards sont garés en épi, esquichés comme des sardines, en attendant notre heure. Pour faire patienter les patients, une infirmière nous met le même CD : Elton John. J’ai dû l’écouter deux fois avant de passer de l’autre côté de la baie vitrée et entrer dans ce monde mystérieux des blocs opératoires. Effrayant. Généralement on y va les yeux fermés, on dort mais pour moi pas d’AG (Anesthésie Générale) donc je peux tout voir, surtout le plafond, depuis mon brancard taxi.  Arrivé au bloc, il faut passer sans tomber du brancard à la table d’opération. On tourne, roule et ouf on arrive sur le dos pour s’allonger sur le billard. Au plafond des spots vous éblouissent. Vous attendez la torture avec votre chemisette « cul en l’air » et l’on vous indique qu’il faut vous couvrir la tête pour ne pas voir la taille de l’aiguille de la seringue qui va venir chatouiller vos « collections » ou si vous préférez mes abcès remplis de liquide peu recommandable (du pus) qui a trouvé une place sur la hanche opérée. La radio se met à jouer et l’infirmière indique, en regardant son écran, au chirurgien : « oh fan ! mais ces prothèses de hanche : on en fait plus ! ». Le ton est donné, l’attaque est lancée, l’aiguille est rentrée ou presque, la ponction commence. Que va-t-il sortir de là ? « Nous le saurons dans au moins 10 jours ». 10 jours c’est long pour le patient impatient que je suis. Je m’exécute. Qui disait déjà : « Chaque difficulté sera résolue en son temps » ? Une ponction ça fait mal, mais je me suis trouvé fort, moi si douillet. Fort dans mon for intérieur : et si j’avais été utile à la science  ? Et à moi-même ? 

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